Envie de papillons monarques dans votre cour? Parsemer les asclépiades sur votre terrain.
Faites d’une pierre deux coups : sauver les papillons et découvrez les vertus incroyables des asclépiades
Sans nécessairement connaître son nom et son rôle dans nos écosystèmes, beaucoup de personnes connaissent l’asclépiade de vue. Que ce soit à l’étape de la floraison avec ses magnifiques ombelles florales sphériques, ou à l’ouverture de ses fruits remplis de fibres soyeuses d’un blanc immaculé, l’asclépiade attire naturellement l’attention… et les pollinisateurs de toutes tailles!
L’asclépiade commune (asclepias syriaca) est sans aucun doute la plus connue et répandue des asclépiades, mais elle fait en réalité partie d’une grande famille comptant plus de 140 espèces, présentes dans plusieurs écosystèmes sur tout le continent nord-américain. Au Québec, les 4 espèces indigènes sont les suivantes:
- Asclépiade commune (asclepias syriaca). aux fleurs roses
- Asclépiade incarnate (asclepias incarnata), aux fleurs mauves
- Asclépiade tubéreuse (asclepias tuberosa), aux fleurs oranges
- Asclépiade très grande (asclepias exaltata), aux fleurs blanches
Des entomologistes professionnels ou amateurs et même chez le public, l’asclépiade est également reconnue comme étant la plante hôte exclusive du papillon monarque (danaus plexippus). Par le biais d’une relation symbiotique s’étant forgée sur des dizaines de millions d’années, les destins du monarque et des asclépiades sont intimement liés. Une relation complexe est en jeu, dont voici un résumé:
- La sève de l’asclépiade contient naturellement des substances appelées cardénolides, toxiques pour la plupart des animaux, incluant plusieurs prédateurs et parasites du monarque.
- Les femelles du monarque pondent donc exclusivement sur des plants d’asclépiade répandus le long de leur route migratoire, du Mexique au Canada.
- Les chenilles se nourrissent des feuilles de l’asclépiade pour s’auto-médicamenter contre les parasites et devenir toxique pour plusieurs de leurs prédateurs potentiels.
- Les chenilles forment leur chrysalide non loin de leur plant d’asclépiade de naissance, d’où éclot un papillon qui se nourrira entre autres du nectar de l’asclépiade (aidant la pollinisation), mais aussi d’autres fleurs dépendant du moment de l’été où il éclot.
Une mauvaise herbe ou un pilier des écosystèmes?
Depuis une vingtaine d’années, les populations de papillons monarques ont diminué de presque 80%. Plusieurs causes sont citées: changements climatiques, déforestation de leurs aires de repos au Mexique. Mais ce serait surtout l’élimination systématique de leur unique source de nourriture et d’habitat, l’asclépiade, qui serait la cause première de leur déclin. L’asclépiade, malgré son rôle de pilier environnemental, est souvent désignée comme une mauvaise herbe à éliminer, que ce soit par les municipalités qui n’en veulent pas sur leurs terrains publics, ou par des agriculteurs qui l’arrachent protéger leurs animaux ou leurs rendements de culture.
Pourtant, l’asclépiade, en plus de ses nombreux bénéfices environnementaux, regorge de propriétés fantastiques, dont plusieurs ont des applications presque révolutionnaires pour les industries du vêtement, des cosmétiques, de la santé et bien d’autres.
L’asclépiade, une plante aux multiples propriétés.
Les soies creuses libérées par les fruits de l’asclépiade, à l’automne, ont donné lieu à de grands efforts de développement d’une industrie locale d’isolant à vêtements. L’air présent dans chacune de ces fibres en forme de tube est ce qui donne à la soie d’asclépiade de remarquables propriétés isolantes.
D’autres caractéristiques de ces fibres accroissent également son aptitude à servir de matériau isolant. Par exemple, elles sont naturellement recouvertes d’un enduit cireux naturel qui rendra toute membrane d’asclépiade presque imperméable. Ensuite, elles sont naturellement hypoallergènes et imputrescibles, repoussant les parasites, acariens et autres allergènes qui s’attaquent souvent aux autres isolants naturels. Une foule d’autres propriétés et usages sont envisagés pour la plante:
- Ses graines contiennent une huile riche en vitamine E et en acide-gras omégas, offrant des débouchés pour l’industrie cosmétique
- Sa sève contiendrait des composés d’intérêt pour l’industrie pharmaceutique, notamment pour les traitements contre le cancer
- Les soies de l’asclépiade peuvent également absorber jusqu’à 5 fois leur poids en pétrole, offrant une alternative naturelle pour combattre les déversements
L’asclépiade, dans le jardin?
Les papillons monarques et les autres pollinisateurs ont grandement besoin de plantes nectarifères pour assurer leur survie. Aussi belles que peuvent être les pelouses et plate-bandes parfaitement ordonnées qu’on trouve souvent en banlieue, ce type d’aménagement n’offre pas vraiment un soutien adéquat à la biodiversité.
Depuis quelques années, plusieurs initiatives, mouvements ou tendances visent à briser l’idéal de la pelouse et à redonner un peu de souffle aux espèces indigènes animales et végétales. Les potagers de façade, les couvre-sols écologiques comme le thym ou le trèfle, le xéropaysagisme (xeriscaping en anglais, visant à faire pousser uniquement des vivaces indigènes n’ayant pas besoin d’arrosage) sont toutes des alternatives intéressantes au modèle de paysagement classique des banlieues.
Dans cet esprit, Lasclay mène depuis plusieurs années des campagnes de plantation d’asclépiade grand public, afin de créer des oasis à monarques dans les villes, les banlieues et les campagnes. Pour les personnes qui ont plus de terrain pour la laisser s’étendre, l’asclépiade commune est la plante de choix. Pour les personnes ayant moins de place souhaitant circonscrire davantage leur surface indigène, l’asclépiade tubéreuse, l’asclépiade incarnate ou même l’asclépiade de Curaçao (espèce exotique) sont de bons choix.
Prêt à accueillir les papillons monarques dans votre cour arrière? Nous avons des graines pour votre contribution à cette urgence environnementale. Les monarques vous remercieront et vous en serez largement récompensé par leur présence.